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Viktor Vasilyevich Tikhonov

Viktor Vasilyevich Tikhonov

 

Viktor Vasilyevich Tikhonov (russe: Виктор Васильевич Тихонов) est né le 4 juin 1930 - 24 novembre 2014)

 

Son palmarès était pléthorique, aussi impressionnant que la collection de médailles recouvrant le paletot d’un maréchal de l’armée rouge : triple médaillé d’or olympique, octuple champion du monde de 1978 à 1990.  Et l’homme, décoré en outre de l’ordre de Lénine et de la révolution d’Octobre, était aussi souriant, chaleureux et amène qu’un dignitaire du Kremlin. Le hockey russe est en deuil après la mort, à 84 ans, de l’entraîneur Viktor Tikhonov. Un service commémoratif a été célébré au CSKA Moscou, le club de l’armée auquel son nom reste associé, en dehors de la sélection nationale, ou plutôt soviétique.

 

Sa mort, survenue le 24 novembre dans un hôpital de Moscou, a été annoncée par la fédération, qui a déploré la « perte d’un homme irremplaçable ». Une minute de silence a été observée lors des matchs de la Ligue continentale de hockey, le championnat « eurasien », qui comporte 22 équipes russes sur 28.

 

Désastre sur glace

Il faut commencer par les triomphes de Tikhonov, qui symbolisent l’âge d’or du hockey soviétique et de sa bolchaïa krasnaïa machina, sa « grande machine rouge », terreur des patinoires internationales. La plus grande sélection que le sport ait connue, l’équivalent du Brésil de Pelé pour le football. Détentrice d’un hockey total, collectif, à base de domination et de passes redoublées, de maniement chirurgical du palet.  A la tête de sa phalange indestructible d’artistes, Tikhonov triompha en 1984 aux jeux de Sarajevo, à Calgary en 1988,  puis à Albertville en 1992 avec une « équipe unifiée »  – à la suite de l’éclatement de l’URSS – qui soumit le Canada (3-1) en finale.  

 

Cette campagne héroïque débuta pourtant par un désastre national, le fameux « Miracle sur glace »,  dont l’histoire n’a retenu que la phraséologie du vainqueur, les Etats-Unis : le plus célèbre match de hockey de l’histoire, disputé en pleine résurgence de la guerre froide, entre l’intervention soviétique en Afghanistan, deux mois plus tôt, et l’élection, en novembre, de Ronald Reagan, à la Maison Blanche. La rencontre de la ronde finale des Jeux de Lake Placid oppose le 22 février 1980 la Sbornaïa (« sélection »), citadelle imprenable, détentrice des quatre précédentes médailles d’or, à une équipe d’amateurs américains, des étudiants d’université enthousiastes et sympathiques – les joueurs de la  Ligue nationale de hockey n’étant alors pas éligibles.

 

La messe semble dite, puisque les jeunots alignés par l’entraîneur Herb Brooks n’ont pas résisté au rouleau compresseur, corrigés (10-3) au Madison Square Garden de New York une semaine avant les Jeux. Mais le jour J, le gardien américain Jim Craig, héroïque, empêche l’inévitable de se produire. C’est surtout, avant le deuxième tiers-temps, le remplacement inexplicable par Tikhonov de son homologue, la légende vivante Vladislav Tretiak, coupable d’un mauvais dégagement, qui aurait déterminé l’issue du match. A dix minutes de la fin, le capitaine américain Mike Eruzione crucifie l’URSS : 4-3.  

 

Miracle à Riga

Moins connue, la carrière de joueur de Tikhonov fut néanmoins brillante, puisque ce défenseur remporta trois fois le championnat soviétique avec le VVS Moscou, de 1951 à 1953. Ce club de l’armée de l’air avait pour particularité d’être dirigé personnellement par Vassili Djougachvili, fils de Josef Staline. A la mort du dictateur, la structure est dissoute sans autre forme de procès et Tikhonov rejoint le rival, le Dynamo, club de la police politique avec lequel il demeure champion en 1954.

 

Sa conversion s’effectue en 1964. D’abord entraîneur assistant au Dynamo Moscou, il prend les commandes du Dinamo Riga en 1968 – la Lettonie étant alors une république soviétique – qu’il hisse de la troisième division à l’élite en 1973. Cet autre « miracle sur glace », moins connu que l’autre, le propulse naturellement à la tête du CSKA Moscou et de la sélection en 1977. Avec le club qu’il aura entraîné jusqu’en 1996, la domination est écrasante : il est champion d’URSS sans discontinuer de 1979 à 1989 et ses conquêtes de la Coupe d’Europe des clubs champions ne connaissent également aucune rupture entre 1979 à 1990.  

 

Le « Buster Keaton » du hockey

De tels résultats, évidemment, nécessitent de la méthode. Tikhonov était réputé pour être un parfait autocrate, cruel, cassant, dépourvu du moindre humour et ne souriant jamais – ce qui lui valut le surnom de « Buster Keaton » du hockey. Le sport, qui ne s’est développé en URSS qu’après la deuxième guerre mondiale mais pour en devenir le numéro un et un enjeu national prioritaire, doit produire des résultats. Pour ce faire, Tikhonov impose une discipline de fer, toute militaire : ses hommes, qui doivent s’entraîner près de onze mois par an, sont reclus dans des camps d’entraînement avec baraquements, coupés de leurs familles et même du monde. Le geôlier, qui a ses entrées à la Loubianka,  exerce un contrôle absolu sur leurs faits, gestes et mêmes pensées.

 

En 1988, une lettre ouverte de protestation contre l’entraîneur est publiée dans le magazine Ogoniok, signée par la star Igor Larionov. Comme ses coéquipiers, celui-ci souhaite rejoindre la NHL. Enhardi par la glasnost souhaitée par Mikhaïl Gorbatchev, le centre de la fameuse « ligne KLM » (avec Sergueï Kroutov et Vladimir Makarov), la meilleure au monde, dénonce les conditions de détention imposées par Tikhonov, en écrivant non sans humour que « c’est un miracle que nos femmes aient pu  donner la vie ».  Larionov paya cher son audace : il est aussitôt écarté de la sélection et du CSKA Moscou, puis réintégré grâce au soutien et à la solidarité du capitaine Viatcheslav Fetissov. Avant l’URSS, la Sbornaïa se disloque.  

 

Tikhonov emploie beaucoup de son énergie à éviter les défections de joueurs, après le passage à l’ouest de l’étoile Alexander Mogilny, qui a profité en 1989 des Championnats du monde à Stockholm pour lui faire faux bond. Cette désertion sera qualifiée de « répugnante » par Tikhonov, qui ne pourra empêcher l’exode de ses meilleurs éléments vers le Nouveau Monde.  Il quitte ses fonctions nationales après l’échec aux Jeux de Lillehammer, en Norvège, en 1994. Rossée (4-0) par la Finlande dans le match pour la troisième place, la Russie repart sans médaille, une première depuis 1956. Et elle n’a plus jamais remporté le tournoi olympique.

 

12 titres soviétiques consécutifs de 1978 à 1989

Championnat du monde d'or en 1978, 1979, 1981, 1982, 1983, 1986, 1989, 1990.

Jeux olympiques en 1984, 1988, 1992; Argent en 1980.

1979 Challenge Cup

1981 Coupe du Canada.

 

Honneurs et récompenses

Ordre du mérite à la patrie, 3e classe

Ordre d'honneur

Ordre de l'amitié du sport national

Ordre de Lénine

Ordre de la Révolution d'Octobre

Ordre de la bannière rouge du travail

Ordre de l'amitié des peuples

Médaille «Pour le travail distingué»

Médaille "Pour la vaillance militaire", 1ère classe

Chevalier de l'Ordre Olympique

Hall of Fame de l'IIHF 

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